Fond de tiroir n°2

Publié le 22 mai 2020 par Mamasperger

Comme je le disais dans le premier "Fond de Tiroir", à 19 ans j'avais un projet de recueil poétique agrémenté d'images dessinées par l'excellente Eleonore Goldberg.

Ces textes, bien qu'assez jeunes et inégaux dans l'écriture, me frappent aujourd'hui par leur pertinence par rapport à mes vécus sensoriels et autistiques.

Les informations étaient déjà là, quelque part, presque accessibles... Si dans la cohorte de psys que j'ai fréquentés à cette époque, l'un.e ou l'autre avait pu sortir de l'obédience psychanalytique, est-ce que les choses auraient été différentes ? Est-ce que j'aurais perdu moins de temps ?

Evidemment, ces pensées-là sont inutiles et ne mènent à rien.

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Le texte que je vous propose ci-dessous fait écho à mon précédent article sur l'intimité, et c'est en le relisant que j'ai eu envie d'aborder ce thème.

Un peu de contexte :

- J'étais à l'époque dans une relation amoureuse platonique avec un garçon probablement encore plus compliqué que moi, et ce texte est un mélange de mes perceptions et des siennes - d'où l'emploi du masculin.

- Cette histoire d'amour était totalement vouée à l'échec, d'où le ton un peu "tragico-tragique" que je regarde aujourd'hui avec un sourire bienveillant.

- Ce texte est rythmiquement directement inspiré de "Ne me quitte pas" et je trouve qu'à la lecture on sent que j'essaie de me défaire de cette influence sans réellement y arriver. "Mais quand vient le soir"...

Ceci étant dit, je trouve qu'en tant que texte de jeunesse il a sa place dans la thématique du blog. Le voici donc.

Ne me touche pas.
Tu voudrais bien, mais
Tu ne peux pas ignorer
Que je suis tordu
Que je ne peux pas aimer
Que je veux être tranquille et abandonné
Puisque c'est toujours comme ça que ça doit se passer...

Tu sais bien, comme moi
Que c'est si facile
De se laisser aller avec n'importe qui
De se détacher de son enveloppe
Elle n'est qu'une coque de chair vide
Donnant un peu de jouissance imbécile
Mais quand vient le soir
Le dégoût est là
Et on ne peut plus se mentir…
Alors ne me touche pas.

Ne me touche pas
Ou je m'en irai
Ne me touche pas
Ou je vais m'énerver
Et te détester
Voire même te frapper

Ne me touche pas
Car je ne peux pas inventer
Un désir que je n'ai pas
Ou dont je ne veux pas
Ne me touche pas
Si tu tiens à moi

Ne me touche pas
Si tu ne veux plus entendre
Ces mots et cette haine
Que j'ai pour toi malgré moi
Ne me touche pas
Car tu me rappelles
Que je ne le supporte pas
Et que ça te fait mal

Ne me touche pas
Car ça réveille
La mauvaise humeur
Chronique chez moi
Alors qu'au départ
Ne l'oublie pas
Cette mauvaise humeur
N’est pas contre toi.