Célébration

Il y a quelques jours c'était mon anniversaire, et cette année j'ai vraiment eu envie de profiter pleinement de l'espace de célébration que cela représente.

Je ne penche pas souvent du côté de l'optimiste, et ce blog me sert principalement à verbaliser des souffrances ou des indignations. Mais qu'en est-il des célébrations ? Si l'exercice qui consiste à sortir les traumas du silence pour que la honte n'ait plus de prise sur eux est un exercice difficile et parfois douloureux, je me rends compte que celui qui consiste à célébrer nos moments de grâce est plus ardu encore.

Je vois parfois passer des mouvements de développement personnel qui misent tout sur la gratitude, mais malheureusement ils me font souvent l'impression d'un optimisme forcé qui semble naïf, désespéré ou simplement fuyant.

Et pourtant... ces derniers temps je prends la mesure de mon ignorance en terme de célébration, et je vois qu'il serait salutaire de m'y ouvrir.

Mais c'est un tel "gros mot"... Tenez, si on revient aux anniversaires par exemple. J'ai toujours attaché une grande importance aux anniversaires, sans trop savoir pourquoi. Peut-être parce que c'est un de ces moments où il est "admis" de se réjouir, un espace dédié et reconnu par la société sans besoin d'une raison particulière.

Pourtant par le passé, j'ai reçu beaucoup de jugements négatifs autour de mon enthousiasme. Comme pour Noël, il semble que passé un certain âge il ne soit plus si simple de vouloir célébrer son anniversaire sans passer pour "immature" et/ou "égocentrique".

Bien que ces jugements pèsent encore bien lourd dans ma balance personnelle d'estime de moi et de légitimité, comment en vouloir à ceux qui les ont émis ? On nous a tellement appris, depuis l'enfance, que se célébrer c'est forcément au détriment des autres. Que penser à soi signifie nécessairement être égoïste, qu'il y a une opposition irréconciliable entre individualisme (bouh-vilain-pas-bien) et collectif (oui-youpi).

Une amie a résumé cela il n'y a pas longtemps, merci à elle pour cette phrase si simplement éclairante : "Nous sommes dans une société qui privilégie la compétition à la coopération."

Le collectif auquel j'aspire n'est pas celui qui uniformise les gens, mais bien au contraire celui qui consiste à créer un espace où chaque individu peut se développer pleinement dans tout ce qu'il a de plus spécifiquement précieux pour qu'il puisse ensuite mettre cette belle individualité au service de tous. C'est cela, pour moi, la coopération.

Ce préambule est un peu long, à la mesure de mon besoin de douceur par rapport à cet exercice de célébration que je m'apprête à faire. Voyez-le comme un petit talisman qui - je l'espère - me protégera contre la noirceur des jugements qui ne cessent de vouloir me dire que je mérite pas de me célébrer, que c'est égocentrique et forcément au détriment des autres.

NON. Je veux simplement me célébrer tout autant que j'aspire à ce que chacun d'entre vous puisse se célébrer.